Leonard at home
Paris, Mars, Avril, Mai 2020
« … Je suis un indien
Je suis un apache
Auquel on a fait croire
Que la douleur se cache… »
Je tuerai la pianiste, Alain Bashung
Confinée avec mon fils Leonard, jeune trisomique âgé de 16 ans, je me suis retrouvée confrontée à ses questions face à cette réalité abstraite, le coronavirus, mal invisible qui circule et dont la seule réponse est l’isolement, tel un jeu de cache-cache.
Face au temps, devenu libre et élastique, vécu comme une experience cooooool par Leonard dans un premier temps et qu’il a fallu progressivement intégrer comme une nouvelle réalité…Leonard a alors mis en place un jeu à travers des personnages fictifs qui l’ont aidé à concrétiser et à trouver des réponses à ses interrogations quotidiennes, en réaction à sa propre comprehension de la situation.
S’est instauré entre nous un rituel d’une photo par jour, tel un dialogue pendant tout ce temps suspendu à l’intérieur de la maison.
Leonard est d’un naturel confiant et a une perception positive du monde. Lorsqu’il essaye de formuler sa comprehension à ce qu’il se passe, il doit intégrer et essayer de gérer tous ces nouveaux paramètres inconnus, comme nous tous, sauf que sa relation aux autres, au temps, à l’espace, au danger et au monde, est différente de la nôtre. Chaque jour, Leonard testait par une question, Pouvons-nous aller au cinema? Pouvons-nous aller à la piscine? Pouvons-nous aller à l’école?… afin de concrétiser la situation à sa réalité. Une situation extra-ordinaire qui requiert des réponses extra-ordinaires.
Cette série fait écho à cette situation exceptionnelle, telle une experience qui s’inscrit dans la continuité de mon travail, nourri de l’intime et du monde.
Edition épuisée.
Conception graphique Studio Fouinzanardi